Michel-Marie Quarez et son processus créatif

Affiche Salon international de l’Architecture (1989)

Auteur : Michel-Marie Quarez
Exposition : L’architecture demain… (du 28 octobre au 5 novembre 1989)
Domaine : Design Graphique – Affiche
Technique : Impression offset (qui se distingue de l’impression numérique et qui remplace la lithographie; l’encre n’est pas directement déposer mais “transféré” d’une plaque offset au papier).
Dimensions : 60 x 41 cm

Contexte de l’oeuvre

C’est dans un contexte assez particulier que cette deuxième édition prend place, Paris célébrait le bicentenaire de la révolution, mais avait aussi subis une vague de premiers grands travaux qui faisaient assez régulièrement débat (que ce soit en terme d’utilité, de gêne occasionné mais aussi de la vanité de l’homme ayant lancé ces travaux : Le président de l’époque François Mitterrand). De ses travaux découleront notamment, le Centre Pompidou, le Musée d’Orsay, le Musée des Sciences, l’Institut du monde arabe, l’Opéra Bastille, la bibliothèque François Mitterrand et l’Arche de la Défense. Evidemment, d’autres grands travaux d’utilité publique et indiqués comme d’une nécessité absolue ont été mis en place cependant, ils étaient fortement contestés par les opposants du régime socialiste. Puisque, ce ne sont pas moins de 15 Milliards de francs qui sont dépensés par l’état français pour ses projets architecturaux. Ils voyaient dans ses renouvellements architecturaux la volonté et la personnalisation d’un seul homme ainsi que l’expression d’une forme d’autorité sans commune mesure : “Les grands travaux mitterrandiens”. Aussi, la volonté première du SIA (Salon international de l’Architecture) en 1989 est de démontré les bienfaits qu’apporteront les travaux architecturaux de Paris. Comme le nom de l’exposition ‘“L’Architecture demain…”) l’indique, la deuxième édition du Salon international de l’Architecture (SIA), se veut innovante et tournée vers l’avenir. C’est en 1988, que Michel Quarez participe sans grande conviction à un concours d’affiche du SIA pour sa première édition. L’artiste dira : “Ce type de concours reflète l’indétermination du commanditaire qui préfère organiser une compétition plutôt que d’assumer sa part de création par un choix déterminé et responsable. Commander une affiche, ce n’est pas acheter un type de communication prévisible à l’avance, c’est accepter de confier à quelqu’un d’autre la transmission d’un message.”, ce qui peut donner un aperçu du franc parlé de l’artiste. Pour ce projet Quarez a donné une esthétique plus technologique/électronique à sa sérigraphie. De plus, il lui tient à coeur de représenter le besoin d’avoir un nid aussi, il participera au concours avec une affiche représentant un oiseau perché sur un nid. L’ironie pour l’artiste qui s’est toujours senti étranger, même au sein de son propre pays et qui souhaitait représenter un nid, sera que les affiches retenues seront, pour la 1ère édition un homme représentant presque un gardien la paix (ou un gardien de la morale comme l’artiste qui en est à l’origine) et pour la 2nd un homme qui cours. 

Présentation de l’artiste

Né le 28 Mai 1938 à Damas en Syrie (peu après la guerre franco-syrienne) et mort le 9 Décembre 2021. Michel-Marie Quarez s’inscrit comme un géant dans les peintres affichistes français. Après avoir toujours eu une admiration pour Savignac toute son enfance, il s’inscrit aux Beaux-Arts de Bordeaux dans les années 60. Puis, il poursuit sa formation à l’Ecole Nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Toutefois, étant décrit comme turbulant et entier mais surtout, souhaitant voyager, il décroche une bourse et part compléter sa formation en Varsovie (Pologne), qui était à l’époque l’endroit où il fallait être pour tout les artistes. 
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En 1962, il intègre l’agence de publicité SNIP (Société Nouvelle d’Information Publicitaire) et part vivre à New York de 1966 où il illustrera une BD “Mod Love” de Michael Lutin. En 1976, il revient en France et s’installe en Seine Saint-Denis avec laquelle il tisse un étroit lien qui ne rompra jamais. Il travaille pour le journal Action qui prend racine dans les années 1968 et qui a garder sa part d’engagement.
En 1962, il intègre l’agence de publicité SNIP (Société Nouvelle d’Information Publicitaire) et part vivre à New York de 1966 où il illustrera une BD “Mod Love” de Michael Lutin. En 1976, il revient en France et s’installe en Seine Saint-Denis avec laquelle il tisse un étroit lien qui ne rompra jamais. Il travaille pour le journal Action qui prend racine dans les années 1968 et qui a garder sa part d’engagement.

Un artiste plein d’idéaux

Cependant, ces débuts en agence de publicité, ont fait revoir à l’artiste ses revendications artistiques et professionnelles à la hausse. En effet, il n’arrive pas à voir son travail autrement que de l’art et va très vite refuser de travailler en agence, étant incapable d’inscrire son travail dans un démarche publicitaire et marketing. Il fuit l’étiquette de graphiste et admets ne travailler sur ordinateur que par l’intérêt de texture que cela pourrait lui apporter. Il refuse notamment, d’avoir un ordinateur chez lui. Cependant, il admet que c’est grâce à la redécouverte des couleurs plus pures et impactantes du numérique qu’il aura la volonté d’utilisé des couleurs aussi impactantes et fluos (Il fera même fabriquer son propre jaune qui ne contient que peu de nuance de rouge et qui permet d’avoir cet aspect si fluo). Il préservera sa liberté artistique en travaillant directement avec les annonceurs, mais deux règles étaient à respecter quand on souhaitait travailler avec lui :
  • Pas de slogan vendeur qui vienne polluer son affiche – l’image doit suffire ;
  • Il sera dans l’incapacité de transmettre le message comme le client souhaiterait qu’il soit passer – l’affiche doit être agréable et “faire du bien”.
Une courte interview de monsieur Quarez qui donne son point de vue sur la technologie et les couleurs :
Toutefois, malgré cette impression d’artiste puriste, Quarez préférera toujours le papier à la toile par soucis pratique et par volonté de se mouvoir librement dans son atelier. Michel Quarez est donc un artiste qui s’affranchi de tous les codes sauf des siens :
  • Il est plutôt de gauche mais ne ressent aucune culpabilité à critiquer l’intégralité du monde politique ;
  • Il semble s’opposer à l’instrumentalisation que notre société exerce sur l’art afin qu’il serve le marketing, forcé de transmettre un message et ne laissant pas les images être criantes de vérité par leur simple composition ;
  • Humaniste, il produira de multiples affiches pour la lutte contre le sida (dans lesquels il représentera la liberté de corps nus, d’actes sexuels parfois très critiqué voire censuré par les commanditaires), la protection de l’enfance et des affiches plus politiques pour manifester contre différents combats.
 
 
Toutefois, malgré cette impression d’artiste puriste, Quarez préférera toujours le papier à la toile par soucis pratique et par volonté de se mouvoir librement dans son atelier. Michel Quarez est donc un artiste qui s’affranchi de tous les codes sauf des siens :

Un artiste ou un chercheur ?

Michel Quarez, malgré qu’il se décrive lui-même comme un très mauvais élève, est un artiste chercheur qui ne manquait pas de modèle et que se passionnait pour la physique chimie mais aussi, le numérique et savait l’implémenter dans ses oeuvres. Aussi, je trouve cela très intéressant de faire une petite revue des artistes qui ont pu l’influencer et dont il a pu être proches. Les artistes / mouvements qui ont pus influencé son œuvre : :
  • Chevreul qui à fortement influencé les artistes impressionnistes et néo-impressionnistes par sa théorie sur les couleurs.
  • Savignac (affichiste, graphiste et designer)
  • Matisse (mouvement fauviste et postimpressioniste)
  • Picasso (mouvement cubiste, surréaliste)
  • Andy Warhol (affichiste, peintre – pop art- et photographe)
  • Lenica (affichiste, designer, réalisateur)
  • Cieslewicz (graphiste s’inscrivant dans le mouvement pop art et spécialisé dans les photomontage).
 
Les artistes dont il a été le plus proche :
  • Jean Widmer (son professeur à l’Ecole Nationale supérieure des Arts Décoratifs – il est notamment à l’origine du logo du Centre Pompidou, du musée d’Orsay, l’institut du monde arabe et de la bibliothèque nationale). Il apprendra beaucoup à Quarez notamment la suppression de tout superflu dans ses visuels. Michel Quarez gardera toujours en tête qu’une image doit être aussi simple qu’un signalétique d’autoroute.
  • Henryk Tomaszewski (lors de ses études en Varsovie)
  • Pierre Bernard (graphiste, rencontré au sein du studio Grapus – fondateur de Grapus)
  • Gérard Paris-Clavel (graphiste, rencontré sein du studio Grapus – fondateur de Grapus)
  • Christian Boltanski (artiste plasticien)
  • Tiger Morse (la styliste d’Andy Warhol pour qui il a toujours eu une grande admiration)

La liberté de Quarez serait-elle toujours possible aujourd’hui ?

Entrer dans le contexte de l’époque et en percevoir les convictions, m’a perpétuellement mise face à un certain nombre de questions :
  • Serait-il possible pour un artiste de faire des choix si tranchés aujourd’hui ?
  • Serait-il possible pour un artiste contemporain de refuser les messages marketing des commanditaires ?
  • A l’ère du numérique et surtout à l’ère de la prolifération des métiers du digital peut-on encore se permettre d’avoir des convictions d’artistes ?
Michel-Marie Quarez se livrait déjà à Macha Mieg en 2006 lors de la visite de son atelier, en disant que malgré son renom, il était difficile pour lui de se vendre et de faire de plus en plus comprendre aux prestataires sa manière de fonctionner. Il explique de plus, que les municipalités françaises n’avaient plus les moyens qu’elles avaient à l’époques et que les impressions qui dans les années 70-80 étaient d’une qualité remarquable, sont aujourd’hui réduites exécrablement. Est-ce que la quantité et la capacité inouï de productions en design joue un rôle dans l’anéantissement de la marge d’erreur des artistes ? Une DA et “notre pâte artistique” peut-elle vraiment nous permettre de vivre du graphique design ? Est-il encore possible de se faire un nom dans le design ? Des questions de plus en plus mises en évidence de nos jours de par la prises de parole des différents mouvements sociaux, la grande démission reflétant la recherche de sens de bon nombres de travailleurs et évidemment, la prolifération des intelligences artificielles pouvant générer des illustrations et visuels de plus en plus convaincants. Certains alarment et certains s’insurgent, mais l’on peut tenter de voir l’entrée des IA dans le design graphique différemment. En effet, les IA avaient déjà fait leur entrée dans un autre secteur artistique duquel les graphistes devraient s’inspire : La musique. Aussi, je trouve cela très intéressant de faire une petite revue des artistes qui ont pu l’influencer et dont il a pu être proches. Les artistes / mouvements qui ont pus influencé son œuvre :
  • Chevreul qui à fortement influencé les artistes impressionnistes et néo-impressionnistes par sa théorie sur les couleurs.
  • Savignac (affichiste, graphiste et designer)
  • Matisse (mouvement fauviste et postimpressioniste)
  • Picasso (mouvement cubiste, surréaliste)
  • Andy Warhol (affichiste, peintre – pop art- et photographe)
  • Lenica (affichiste, designer, réalisateur)
  • Cieslewicz (graphiste s’inscrivant dans le mouvement pop art et spécialisé dans les photomontage).
 
Les artistes dont il a été le plus proche :
  • Jean Widmer (son professeur à l’Ecole Nationale supérieure des Arts Décoratifs – il est notamment à l’origine du logo du Centre Pompidou, du musée d’Orsay, l’institut du monde arabe et de la bibliothèque nationale). Il apprendra beaucoup à Quarez notamment la suppression de tout superflu dans ses visuels. Michel Quarez gardera toujours en tête qu’une image doit être aussi simple qu’un signalétique d’autoroute.
  • Henryk Tomaszewski (lors de ses études en Varsovie)
  • Pierre Bernard (graphiste, rencontré au sein du studio Grapus – fondateur de Grapus)
  • Gérard Paris-Clavel (graphiste, rencontré sein du studio Grapus – fondateur de Grapus)
  • Christian Boltanski (artiste plasticien)
  • Tiger Morse (la styliste d’Andy Warhol pour qui il a toujours eu une grande admiration)

L’IA et création

Depuis 1957, “Lliac suite” créée par Hiller et Issacson existe, elle permettait de créer des mélodies en fonction d’un algorithme lui permettant de déterminer quels accords permettaient un esthétisme à la musique. Evidemment nous sommes loin des capacité des IA actuelles telles que AIVA ou Angelia qui sont les IAs les plus utilisées dans le monde musical. Les créateurs de AIVA revendiques fièrement avoir créer un IA capable de générer de la musique pourvue d’émotion, ce qui est pour certains morceaux indéniables :
Il est évident, que la qualité de certains morceaux leurs permettent d’apparaitre dans le secteur du jeux-vidéo et du cinéma, notamment pour les productions à petit budget. Toutefois, l’IA est loin d’avoir remplacer l’artiste, souvent fades et manquant de dynamisme les productions ont souvent besoin d’être réajuster pour être exploiter par la suite. Mais les IAs sont surtout utiles dans le monde de la musique pour booster la créativité des artistes : Il est maintenant plus simple de produire des musique pour poser la voix d’un artiste afin de créer les ébauches de la musique, il est maintenant plus facile pour les artistes indépendants de produire des musiques à moindre coûts. Cependant, même si l’IA a permis une évolution dans la créativité, elle a posé d’autres problèmes:
  • La production au détriment de l’artiste et sans l’artiste : TravisBott qui est une IA auquel on a fournit toute la bibliothèque musicale de Travis Scott et qui a générer un titre original calqué sur la bibliothèque musical de l’artiste :
La génération illimité de combinaison possible afin de contrer les droits d’auteur : Problème s’étant poser dans la musique – Songmastr est notamment remit en cause, en effet, ce site et cette IA permettent à un utilisateur de contrer les problème de droit d’auteur à ses utilisateur. Elle permet de générer une mélodie assez proche pour être reconnue comme étant celle de l’artiste souhaité mais, assez différente pour ne pas subir des droits d’auteur.
  • Un deep learning qui ne se base pas sur des oeuvres libres de droit : Aussi, un des problèmes les plus épineux de l’IA sont les oeuvres sur lesquelles elles peuvent se baser pour générer une nouvelle oeuvre, sont rarement libres de droit. Elles proviennent souvent du web et sont utilisées sans le consentement de leur créateur. On peut notamment noter, que certaines oeuvres proviennent d’artistes indépendants, peu reconnus. Ainsi, l’IA met à mal la reconnaissance des petits artistes comme des plus connus (comme on a pu le comprendre avec le cas de Travis Bott).
Comme on a pu le noter, les IA sont un immense bouleversement au sein des différents domaines qu’elles ont pu atteindre. Toutefois, j’ai bon espoir que le domaine juridique s’intéresse à ses différents concepts comme ils a pu le faire avec les Nfts par exemple. Il serait, dramatique de croire que l’art et les artistes puissent être remplacer par les IA, certes les IA créer mais elles ne font que remanier ce qui existe déjà, elle ne réinvente ni ne bouleverse l’art. Alors, Michel Quarez avez raison de respecter et de conserver ses convictions. Ce sont ces convictions et ces divergences qui permettent aux artistes de perdurer et de faire preuve d’originalité dans ses créations. Sources :
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